"Les réserves permettent d'amortir, mais pas de garantir". Le ministre de la Sécurité sociale au sujet de la réforme de l'assurance pension

paperJam: Monsieur le ministre, quel est votre état d'esprit suite au vote de la loi, au bout de plusieurs mois de discussions?

Mars Di Bartolomeo: Ce dossier me suit depuis le début de mon mandat et je suis satisfait qu'il n'y ait presque plus personne qui mette en doute la nécessité de la réforme, grâce au temps que l'on s'est donné pour expliquer que les atouts dont nous disposons aujourd'hui risquent de devenir les menaces de demain. Ces atouts se résument en un excellent développement économique durant ces 20 dernières années, le fort engagement de l'État et la croissance moins élevée du nombre de pensionnés. Cela nous a permis de garantir les meilleures prestations. Nos réserves nous permettent dans ce contexte d'amortir les difficultés, mais pas de garantir l'avenir.

paperJam: Pourquoi avoir choisi une voie progressive?

Mars Di Bartolomeo: La faiblesse d'une telle réforme serait de tout prévoir pour les 50 années à venir. C'est impossible. Il faut choisir des mécanismes qui permettent d'anticiper mais aussi de créer des évidences. La pension à la carte jouera progressivement et les autres mesures de la réforme sont liées à des évidences. S'il y a déséquilibre entre les recettes et les dépenses au moment où les réserves sont encore existantes, on accorde à dire que l'on ne peut pas laisser courir la situation. J'ai opté pour une analyse claire et nette, sans choisir une politique de la hache mais plutôt progressive, qui permettra de suivre ces évidences.

paperJam: Que pensez-vous des critiques à l'égard du facteur d'ajustement?

Mars Di Bartolomeo: Le gouvernement a décidé de ne pas appliquer l'ajustement en 2013 mais la loi entend pérenniser ce principe, tout en le nuançant. Si tout va bien, le prochain ajustement sera pour 2014. En cas de difficultés, on le freinera. Le principe de la réforme se situe donc à mi-chemin, entre les positions en faveur de la réduction des prestations et les autres en faveur d'une augmentation des cotisations. Cette mesure charnière ne dépend pas du taux de croissance du PIB mais de la situation des recettes et des dépenses. Si tout va bien et que le régime reste en équilibre, nous n'aurons pas besoin de faire des mesures plus pointues. Je pense que la réforme est un bon mix permettant d'agir, si nécessaire, tant sur les recettes que les dépenses. Or nous sommes dans une situation où les cotisations sont plus élevées que les besoins. Je me félicite donc du consensus actuel pour maintenir le taux des cotisations afin d'alimenter la caisse de pensions.

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